Développé avec Berta.me

    Photographe & Musicien
  1. Centre Pénitentiaire de Meaux-Chauconin, Février 2013

    Dessin de Mohammed

    Dessin de Mohammed

  2. Chaud Chaud Chauconin
    Nous on est pas des nains
    On a un pedigree
    On a pas d’ Q.N.C.
    Mais ,   tout ça ,   va  changer …..

     Nous sommes des vauriens
     On voudrait des câlins
     On est des bons à rien
     C’est notre « Bad » destin

     Chaud Chaud …

    Le divin va-et vient
    C’est à cause de l’instinct
    Respirer ton parfum
    C’est mieux que le gourdin

     Chaud Chaud …

    Nous sommes tous voisins
    Du matin au ravin
    On est un peu sanguin
    Mais on a pas d’venin

     Chaud Chaud …

    Nous sommes des humains
    Un peu trop souvent à jeun
    Nous sommes tous frangin
    Écoute moi ce refrain

    Chaud Chaud Chauconin
    Nous on est pas des nains
    On a un pedigree
    On a pas d’ Q.N.C.
    Mais ,   tout ça ,   va changer …..
    Mais ,    tout ça,   va   chanter   …..

  3.  Bilan :

    Le silence, le silence, compagnon de la pensée, de l’introspection, du rêve, le silence qui est aussi l’instrument fondamentale de toutes les musiques, autour duquel s’articule les notes, les harmonies, les voix et le sens des mots. Nous étions 22 dans la salle, et du silence nous n’en avons pas eu. Les rares textes sensibles qui sont apparus dans la semaine ont été écrits spontanément la nuit dans les cellules, et leur interprétation a été massacrée par le brouhaha ambiant. Le seul responsable, c’est moi même qui n’ai pas su l’imposer, mais je crois que l’autorité à répétition qu’il aurait fallu déployer pour l’obtenir en ces lieux avec 19 détenus en attente de la décision de la juge d’application des peines, n’est pas compatible avec la musique, le chant et la parole libre, et aurait compromis la confiance, le plaisir et l’engagement de chacun. Ils s’inquiétaient d’être jugé ou noté pour l’activité. Quand je leur ai dit que je m’opposais à toutes formes de rapport et que si j’étais amené à les noter ils auraient tous 10/10 quoi qu’il arrive, 4 d’entre eux ont reçus la considération sous entendue dans mes propos ; pour les autres c’était une aubaine. Pourtant, sur cette donne délicate, tout s’est passé incroyablement bien, et ils ont pris tous beaucoup de plaisir, ce qui est mon premier objectif. Mais il est vrai que je suis un peu frustré de ce que je n’ai pas réussi à donner ou provoquer. L’écoute de nos enregistrements en témoigne, même si le souvenir du vécu enthousiaste et motivé de ces journées reste dominant dans mon esprit.

    J’ai eu la chance d’avoir un groupe incroyablement solidaire et enthousiaste, avec des personnes fédératrices et des personnes attentionnées qui prennent soin – par exemple - de ceux qui ne savent pas écrire ou de moi même en me faisant un petit thé… Un texte écrit par l’un était chanté par un autre, sur le chant de l’un d’autres arrivaient spontanément et faisaient des répliques ou des percussions vocales. Magnifique… Quand on pense à leurs situations, leurs soucis, leurs peines et leurs peines, c’est très impressionnant.

    J’ai été interpellé par la précision farouche des choix de leurs accompagnements musicaux, et par une évidente franchise, dans les textes comme dans les discussions, parfois brutale à l’égard de mes propositions. C’est pour ça qu’ils m’ont demandé que les chansons et les textes ne soient pas crédités sur le CD final, redoutant l’écoute de certaine personne décisionnaire et un jugement aggravé. C’est aussi sur cette base que c’est installé la confiance et le respect et qu’il s’est passé des vraies choses au delà des enregistrements...

    Ils étaient 19, et pas particulièrement volontaires pour suivre cet atelier. Une moitié d’entre eux m’a clairement exprimé au premier jour qu’ils n’y voyaient aucun intérêt, n’écriraient pas, ne chanteraient pas. Ceux la même ont fait des textes fragiles mais sensibles, drôles, parfois surréalistes, et ont parlé ou chanté devant le micro de mon enregistreur avec émotion. En revanche, le nombre de participant ne pas laissé le champ pour travailler les textes, passer plus de 12 minutes avec l’un ou l’autre, aller fouiller un peu les esprits à la recherche de petits trésors intimes, tenter de fracasser autant que possible une charge monstrueuse de fatalité, libérer les larmes, les rires… J’aurais voulu qu’il y ait quelques moments d’attention collective, c’est à dire d’écoute, parce que ce qui se dit ici touche, parce que le partage ouvre, mais aussi pour casser la peur de s’afficher devant les autres et permettre à des choses plus profondes d’exister (exister signifie littéralement « être en dehors de »). J’aurais voulu aussi attraper mes petits rappeurs tout fous, leur faire comprendre qu’ils ont enfermé leurs pensées dans un genre musical qui mérite bien mieux que leurs quelques modèles pitoyables promus par l’industrie du son. J’aurais voulu leur parler de révolte constructive, d’autonomie, des liens étroits entre la conscience et la liberté…

    Notre semaine est quand même tranquillement montée en puissance sur les plans de l’investissement, du plaisir, de l’ouverture d’esprit, de la sensibilité, de l’authenticité, mais aussi de l’expression. Ce n’est pas facile d’être enregistré, et devant tout le monde et en prison où il se doit d’être fort et réservé, c’est extrêmement courageux. Mais à chaque fois, en une ou cinq prises, une joie presque interdite et un genre de fierté se lisait sur les visages. Deux d’entre eux était musicien, l’un à la guitare et l’autre au piano, mais ils ont tous tout le temps tripoté, trituré, torturé les instruments, qu’ils soient acoustiques ou électroniques, et c’était tout autant très pénible pour les oreilles et la concentration que beau de voir ces gamins (j’entends même les plus anciens du groupe), s’amuser, rigoler, le cœur et la tête loin, haut, et en fête. Le cinquième et dernier jour alors que je n’insistais plus du tout, les 3 derniers réfractaires ont déposé leurs boucliers, leurs images faciles de « lascar », et ont sorti de leurs poches et de leurs cœurs en me regardant droit dans les yeux des mots sincères qu’ils ont voulu enregistrer.

    J’aimerais pour finir souligner encore une fois la chance que j’ai de vivre ces jours intenses, ces belles rencontres humaines, et aussi pour ce sentiment d’être à sa place en ce monde. J’ai aussi été très touché de l’accueil très agréable, simple et souriant qui m’a été fait au quotidien par l’ensemble du personnel, et de la qualité de la nourriture au mess !    Encore … ?    

    Mes chers vauriens, mes bons à tout, merci à vous pour cette chouette semaine passée ensemble. Mohamed, Mourad, Samir, Younes, Philippe, Philippe, Mohammed, Loïc, Vasco, Malik, Boubou, Nelson, Dahouda, Mohamadou, Vincent, Ibrahima, Somé, Mohamed, Romari, j'espère que la vie va vous rendre les sourires que vous lui présentez. Même le tien Samir... Je n'ai pas oublié, maintenant je dis "Hamdoulah" à chaque éternuement... A un jour, sur une plage, sur le chemin de la route, ou dans les lumières immortelles des peintures de Mohammed...

  4. De la lumière à l'ombre

    93-77

    Anti Carcéral

    Parfois...

    Délinquant

    Avec la peinture

    Arrêter le temps

    J'ai de peine pour qui

    Amour

    L'esclave

    La Taule

    Assassin

    93 Sang


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