Développé avec Berta.me

    Photographe & Musicien
  1. Résidences utiles et ludiques d’écriture musicalisée en détention sur les thèmes de l’identité et de l’engagement.

       Portrait enchanté …

    “ Dans la tribu des Babemla en Afrique du Sud, Quand une personne agit d’une manière irresponsable ou injuste, on la met toute seule au centre du village sans l’attacher. Toutes les activités sont interrompues et tout le monde dans le village, les hommes, les femmes et les enfants, se rassemble pour former un large cercle autour d’elle. Ensuite, chaque personne de la tribu va s’adresser à elle, une par une, pour lui rappeler les bonnes choses qu’elle a faites dans sa vie. Tout le monde prend le temps de rappeler consciencieusement toutes les qualités, les bonnes actions, les forces et la gentillesse dont cette personne a fait preuve. Cette cérémonie tribale dure souvent plusieurs jours. A la fin, le cercle tribal est brisé, une fête est célébrée et la personne est symboliquement et littéralement accueillie à nouveau dans la tribu. ” 

    Jack Kornfield, L’Art du pardon, de la bonté et de la paix.

    Mise en place dans un établissement pénitentiaire d'un atelier d'écriture, de compositions musicales et d'interprétations. Cette proposition fait appel à la sensibilité et à l’intégrité de chacun, à ce qu’il est avec et au-delà de cette situation carcérale.

    « Je voudrais me ressembler » m’a écrit récemment un détenu…

    L’anagramme de « Prison »  c’est « Prions » ; voilà qui ne fait pas rêver…
    Comme le dit le proverbe, « Aie confiance en Dieu mais attache ton chameau d’abord 
    L’actualité hurle qu’il est grand temps de mettre en œuvre des perspectives concrètes, particulièrement en détention, pour offrir à une jeunesse en quête de valeurs des alternatives à une radicalisation liberticide ou au cycle fatal de l’échec et de la délinquance. La victimisation apporte un échec systématique à ces questions. L’éducation doit suppléer la répression.

    Il semble que se connaître, ou plutôt se rappeler qui on est, peut aider à traverser des épreuves de la vie, et particulièrement des états de désarroi, de décalage, de dépression, d’incompréhension de notre quotidien et des relations humaines qui  l’accompagnent.
    Se  “ savoir ”, c’est comme un petit talisman qui permet de ne pas être tout à fait perdu, d’affronter l’isolement, parfois même d’y trouver un sens  ou une sorte de place, et d’être perméable à celle des autres au delà des apparences, des différences, d’un uniforme…

    Cette résidence axée sur l’autobiographie se réalise sur cinq jours pleins et consécutifs, avec une dizaine de détenus, en maison d’arrêt comme en centre de détention ou en centrale, chez les femmes comme chez les hommes. Je dispose de tout le matériel nécessaire à sa réalisation. Cette proposition préserve une grande part d’ouverture pour s’adapter à la réalité des personnes présentes.

    La première étape est un travail d’écriture de chacun sur lui même. J’aide parfois à simplifier la forme, à éviter d’enfoncer des portes ouvertes, je pose des questions qui renvoient à des souvenirs ou à des rêves, je propose des réflexions sur ses origines, sur sa place en regard de grandes questions mondialistes, religieuses, écologiques, humanitaires ou humaines… L’écriture est souvent très étrangère aux personnes malgré leur immense envie de dire, d’être écouté, et de comprendre. Arriver à poser  ses pensées et tumultes transforme son propre regard sur soi souvent très malmené par un chemin chaotique et la détention, et source de fatalité négative. Le monde ressemble souvent au regard que l’on porte sur lui…

    Je provoque aussi intentionnellement l’entraide, et ce soutien donné et reçu s’est toujours montré plein de vertus, et a permis parfois des complicités valorisantes et pérennes. Notre époque permet de moins en moins de rendre service, de donner, “ d’être ” tout simplement, et c’est une cause majeure de notre mal-être et de la dérive de nos sociétés modernes et des relations humaines.

     En parallèle de cette phase d’écriture, il y a des petites lectures collectives où chacun est sollicité à raconter des choses positives qu’il aurait faites par le passé. Ces informations sont soigneusement collectées et rédigées…

    La musique qui est une allusion physique aux émois de l’âme, permet de verbaliser des choses très sensibles. Elle offre aussi des phases collectives extrêmement vertueuses à l’instar des chœurs antiques qui accompagnent la pensée individuelle. Elle vient donc soutenir la parole (pas forcément systématiquement) sous des formes diverses, parfois très construites parfois très éthérées, en fonction des souhaits, des qualités et des compétences des participants. Je suis souvent tombé sur de très bons musiciens ou chanteurs qui décuplent encore le champ sonore des possibles.

    La qualité essentielle de la musique en général est l’émotion bien au delà de tout critère technique et c'est sur ce terrain que les participants se retrouvent heureusement destabilisés et sortent d'eux-mêmes des choses qui les dépassent. La fragilité devient alors un atout dans ce processus d'écriture et d'expression.

     Cette résidence propose une activité ludique et collective qui offre une trêve ainsi que quelques valeurs de solidarité et de respect. Elle permet d’écorcher autant que faire se peut la fatalité régnante et de formaliser via la musique des émotions et des pensées difficilement exprimables. Le travail sur l’identité, sur la mémoire de celui qu’on est et de celui qu’on voudrait être est l’amorce d’une reconstruction personnelle et protège la personne de toutes formes d’embrigadements. Il engendre souvent une revalorisation dont le manque semble être une cause première de la détresse, et peut faire évoluer le vécu de la détention, lui donner un sens, pallier à d’autres palliatifs, engendrer tout un tas d’initiatives et de métamorphoses comportementales tout à fait positives. Enfin, au delà du milieu carcéral, pour celui qui se retrouve dehors un jour, soi disant libre, c’est aussi le chemin à ne pas reproduire toutes les violences et les injustices qu’il aura vécues, le mépris et les méprises qui l’auront blessé. Le petit talisman est une force incorruptible à celui qui se le laisse chanter…

            

     

     

    Tous pour un ou tous pourris ?

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  2. " L ", 19 ans, incarcérée depuis plusieurs années et pas encore jugée à ce jour...  (37 minutes)


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